Alors qu’en 2016, le circuit français (en « moderne ») est à la recherche d’un nouveau souffle, force est de constater que l’histoire n’est qu’un éternel recommencement. Il y a quarante ans, la solution fut apportée grâce aux efforts communs d’un pilote et d’un journaliste : le 14 mars 1976, le championnat de France des Voitures de Production débutait à Montlhéry.
Texte François Hurel – Photos Jeff Lehalle/Archives Echappement
Contrairement à une idée largement répandue, ce n’est pas à Jean-Pierre Beltoise que l’on doit la naissance de ce championnat. Certes « Bébel » s’est par la suite beaucoup investi dans la discipline, mais en ce frais dimanche de mars, il n’est encore qu’un spectateur intéressé. S’il est venu à Montlhéry, c’est que Claude Ballot Léna l’a convaincu de l’intérêt de développer en France une forme de course inspirée de la Nascar américaine. Oeuvrant au sein de la FFSA en marge de son activité de pilote, « Ballot » est en effet l’un des initiateurs de la Production, avec le journaliste Alain Boutonnet. Leur réflexion est partie du constat suivant : en 1974 et 75, chaque groupe avait son championnat circuit et les coûteuses voitures des Groupes 2 et 4 n’étaient accessibles qu’à un petit nombre de pilotes, parfois plus aisés que talentueux. D’où des courses insipides et une désaffection du public. L’idée de Ballot-Léna était de développer la catégorie la moins coûteuse, le Groupe 1, en y faisant venir des pilotes de notoriété. Séduite, la FFSA officialise ce nouveau championnat en 1976, les autres groupes (2 à 6) étant… regroupés en un seul championnat, plus confidentiel.
Les Groupe 1 sont des voitures comportant au moins 4 places et produites à un minimum de 5 000 exemplaires. Officiellement, aucune préparation n’est permise, mais en réalité, les homologations demandées par les constructeurs laissent une certaine latitude aux préparateurs, qui ne se privent pas de jouer avec cette ambiguïté. De plus, le règlement spécifique de la Production autorise quatre modifications : l’échappement libre (indispensable à la notion de spectacle), la suppression des pare-chocs et des tôles de protection des disques de freins, ainsi que le montage d’un siège baquet. C’est donc sur ses bases, plus restrictives que celles des Saloon Car britanniques, que les concurrents français lancent leurs travaux.
Ouvert à tous
Beaucoup d’entre-eux sont déjà en terrain connu puisqu’ils participaient en 1975 au Championnat de France des Circuits Groupe 1. A l’image du champion sortant Jean-Claude Lagniez (Opel Commodore GS/E) et de son dauphin Max Antichan (BMW 3.0 CSi), ou encore de René Metge, premier de la catégorie 2 litres, sur Triumph Dolomite Sprint. Cette fois, René aura la possibilité de se battre pour le titre absolu car le règlement de la Production repose sur deux classes de cylindrée : 2 000 et 3 500 cm3. Les six premiers des deux classes marquent des points selon le barème F1 en vigueur (9, 6, 4, 3, 2, 1), auxquels s’ajoutent 4, 3, 2 et 1 point aux quatre premiers du général. Ainsi, les «grosses» conservent un avantage logique, mais les «petites» ont aussi leurs chances, à condition de jouer sur la régularité. Un calendrier riche de 13 épreuves est proposé et 10 000 francs de primes seront distribués à chaque course.
Ce nouveau championnat suscite un vif intérêt, tant auprès des pros que des amateurs. Certains, effrayés par une liste de pilotes de notoriété grandissant à vue d’oeil, songent toutefois à renoncer. Ainsi, Christian Jacques ne s’engage-t-il à Montlhéry que dans l’espoir de démontrer le potentiel de sa Ford Escort RS2000 (Mk1) avant de la mettre en vente. Pas moins de 45 concurrents se présentent sur l’autodrome parisien, le seul forfait à déplorer étant celui de… Ballot-Léna, dont la BMW préparée par Pierre Maublanc (MRS) n’est pas prête. Les plus téméraires n’ont pas hésité à s’aligner au volant de leur Simca Rallye 2. L’histoire retiendra que c’est une femme, Marie-Claude Beaumont, qui a remporté la première manche au volant de l’autre BMW/MRS, avant que Guy Fréquelin n’enlève la seconde sur sa BMW/Benoît. Mais au cumul, la victoire revient à l’Opel de Lagniez, devant les BMW d’Antichan et Fréquelin. [...]
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