Formule 3 (1964-1967): rêves en bleu

grandsire-f3-1964Après la Formule France (voir Echappement Classic n° 52 et 53), nous entamons ici une histoire de la Formule 3 de 1964 à 1973, en trois parties. La première concerne la période 1964-1967, marquée par les débuts en monoplace d’Alpine et Matra et l’éclosion d’une nouvelle génération de pilotes emmenée par Jaussaud, Beltoise, Servoz-Gavin et Pescarolo.
Texte François Hurel – Photos Adolphe Conrath

En 1964, la Formule Junior fait place à deux nouvelles catégories : Formule 2 et Formule 3, qui ont en commun une cylindrée de 1 000 cm3 maxi. Mais si les moteurs des F2 sont de conception libre, ceux des F3 doivent être issus d’une voiture de tourisme. Ils ne peuvent avoir au maximum que quatre cylindres, un arbre à cames et un carburateur, leur puissance étant régulée par une bride à l’admission de 36×3 mm. De ce fait, le Ford Anglia qui dominait en FJ se trouve concurrencé. Renault entre en scène, ce qui donne aux constructeurs français l’impulsion attendue.

René Bonnet et Alpine annoncent leur arrivée dans les deux catégories. En fait, seule la firme dieppoise sera représentée en F3, Bonnet concentrant ses efforts sur la F2. Chez Alpine, où l’expérience de la monoplace fait défaut, Jean Rédélé passe commande de châssis Brabham conçus en 1963 par Ron Tauranac. Seules quelques modifications y sont apportées par les ingénieurs maison, Richard Bouleau (châssis) et Marcel Hubert (carrosserie). Baptisées A270, ces « Brabalpine » sont équipées d’un moteur R8 à carbu Weber, accouplé à une boîte synchronisée de R8 Major. Ce moteur est développé par le Moteur Moderne, au point d’approcher les 90 ch.

1964 le coup de Pau de Jaussaud
Si la première course de F3, remportée par la Cooper-BMC de John Taylor, a eu lieu le 8 mars à Mallory Park, la F3 française démarre quant à elle le 5 avril dans le cadre du Grand Prix de Pau. Lauréat du premier Volant Shell à Magny-Cours, l’ancien kartman Jean-Pierre Jaussaud aligne une Cooper-BMC flambant neuve. Le Caennais a étrenné celle-ci le week-end précédant à Goodwood, terminant 8e d’une course remportée par Jackie Stewart, sur une voiture identique engagée par Ken Tyrrell. Protectionniste, l’A.C. Basco-Béarnais a refusé tout engagement venant d’Angleterre. Constitué d’une quinzaine de concurrents, le plateau 100 % français est assez hétéroclite, avec quelques anciennes F. Junior artisanales, telle la Sirmac de Denis Cassas ou la Rispal pilotée par son constructeur. Cela tranche avec l’Ecurie Frankel qui regroupe Eric Offenstadt, Alain Le Guellec et le débutant Jacques Clémente sous les mêmes couleurs. L’école Winfield a mis ses vieilles Lotus 18 à disposition de ses anciens élèves pour la modique somme de 14 francs par tour de course : Johnny Rives en profite pour faire ses débuts en monoplace et il se qualifie en première ligne entre Eric Offenstadt, qui a reconditionné sa Lola F. Junior, et le rallyman Pierre Gelé, qui a monté un DKW dans sa Lotus 31.

Offenstadt domine cette première course avant de sortir de la route devant les stands. Il offre la victoire à Jaussaud, qui précède Vincent Palmaro (Lotus 18/Winfield), Pierre Gelé et Henri Grandsire, dont l’Alpine a connu des ennuis de boîte. Au volant d’une Lotus 22, Henri Julien a été trahi par ses freins : celui-ci connaîtra plus de succès en tant que constructeur. En dépit d’un niveau général assez faible, la victoire de Jaussaud est à marquer d’une pierre blanche, car elle donne d’emblée une crédibilité au Volant Shell et aux écoles de pilotage. Le phénomène va faire boule de neige et favoriser l’éclosion de plusieurs générations de champions tricolores. [...]

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