Il fallait oser ! 45 ans après sa victoire au Critérium des Cévennes 1970 – la première de la Simca CG MC – Gérard Larrousse a courageusement accepté de rejouer l’histoire sur les pentes du Mont Aigoual.
Texte Jacques Furet – Photos Christian Chiquello
Automne 1970 : l’équipe Alpine, invaincue au Critérium des Cévennes depuis quatre ans, s’apprête à y essuyer un revers sans précédent. Reines de l’asphalte en ces contrées montagneuses où leur maniabilité fait habituellement fureur, les Berlinette A110 voient subitement se dresser devant leur museau un adversaire de taille. Etrennée trois semaines plus tôt au Tour le Corse, la Simca CG MC développée avec l’appui de Matra, Bernard Boyer en tête, semble soudainement en mesure de leur prendre un coup d’avance. Pire, ce n’est plus un mais deux de ces fameux coupés mués en véritables prototypes qu’Henri Chemin, le patron de la compétition de la firme de Poissy, se décide à aligner au départ de Montpellier. Débauché pour la circonstance, Gérard Larrousse a pour mission d’épauler le pilote maison, Bernard Fiorentino, sur ces routes cévenoles dont il s’est déjà extirpé en vainqueur trois ans auparavant… Il officiait alors dans le camp adverse, sous les ordres de Jacques Cheinisse.
Automne 2015 : en ce jeudi dédié aux opérations de vérifications techniques et administratives du 58e Critérium des Cévennes, Gérard Larrousse est de retour à Montpellier. De façon parfaitement inattendue, son nom figure sur la liste des engagés du rallye de doublure VHC. Qui plus est, accolé à celui d’une monture que l’on pensait ne plus jamais revoir en ces lieux : l’un de ces inoubliables Simca CG MC. 45 ans plus tard, le couple est reconstitué ! « Cela s’est décidé au dernier salon Rétromobile, quand Romaric Croisile est venu me demander si je serais prêt à refaire les Cévennes avec la Simca de l’époque, confesse un Gérard Larrousse radieux et presque émerveillé de retrouver l’ambiance d’un rallye dans la peau d’un compétiteur, alors que sa dernière participation officielle dans cette discipline date du Tour de Corse… 1975 ! Sur le coup j’ai accepté sans trop savoir s’il s’agissait d’un projet vraiment sérieux, mais en y mettant malgré tout deux conditions : pouvoir disposer de notes et avoir l’assurance qu’il n’y aurait pas de spéciales de nuit. »
Du côté des notes, l’engagement n’a pas tenu longtemps… « J’ai essayé celles de Jean-François Mourgues, mais elles se sont vite avérées indéchiffrables. Et comme notre seule journée de reconnaissance s’est déroulée sous un véritable déluge, j’ai choisi de rouler à vue. Ce sera la méthode la plus fiable. » Isabel Lebon, qui s’apprête à partager l’aventure dans le baquet de droite, acquiesce. Depuis plusieurs années, elle « ouvre » le Tour Auto aux côtés de Gérard Larrousse dans de semblables conditions. Et la confiance qu’elle place en son illustre chauffeur ne souffre d’aucune réserve… « En dépit de son âge, il pilote toujours merveilleusement bien. »[...]
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